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Ayant franchi
peut-être une bonne
moitié de mon
existence, mais conscient que la jeunesse peut venir avec l'âge, j'ai
souri jusqu'alors à l'idée de me présenter malgré les prières de
Claudine.
Après les tourments, comme
beaucoup en ont connu dus au monde extérieur
et plus encore à soi-même, me voici dans la sérénité que donne
l'abandon des choses essentielles et pourtant inutiles. Alors, que
faire d'un pareil bonheur, si ce n'est l'exprimer lorsqu'on en a
quelque capacité. Ce fut d'ailleurs l'ardent désir de toute ma vie et
c'est à des maîtres pour qui j'aurais renoncé à oeuvrer pour les servir
que je le dois.
Rembrandt l'incomparable,
qui de l'ombre transparente fit naître des
chairs pétries d'amour et pourtant mortelles. Le merveilleux Mozart en
son adolescence et en son requiem. L'aérien Tiepolo tout fait de grâce
dont la main fut conduite par un pinceau ensorcelé, et Paul Valéry dont
l'esprit diamanté a comblé ma jeunesse.
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Je n'en finirais
pas de nommer tous ceux dont j'aurais voulu baiser les pieds pour les
richesses qu'ils m'ont données et que j'ai tenté de faire germer. Il
est une phrase que chaque soir je me répète inlassablement :
Demain ... c'est le chef-d'oeuvre.
MARCEL DYF |